L’accouchement est suivi d’une période appelée suite de couches, au cours de laquelle l’organisme de la femme subit des modifications physiologiques :
  o   Retour de l’organisme à l’état antérieur :
-         Involution des organes génitaux.
-         Disparition de l’imprégnation hormonale
  o   Apparition de la fonction de lactation
Les soins infirmiers comporteront :
  o   Des soins d’hygiène, prévenant toute infection
 o   Une surveillance générale, pour dépister des complications possibles : hémorragie, phlébite
SOINS D’HYGIENE
Les soins d’hygiène comprennent :
           
-         Les soins de la vulve et du périnée :
-         Les soins des seins

-         Le lever précoce
SOINS DE LA VULVE ET DU PERINE
Ils seront faits avec asepsie. Ils consistent en une irrigation de la région.
  §  Préparation du matériel :
o   Le nécessaire pour l’irrigation :
-         Un bock flambé avec caoutchouc stérile :
-         De l’eau bouillie tiède à 37°
-         Un antiseptique (Dakin) peut etre ajouté à l’eau.
-         Le nécessaire pour le nettoyage :
ü Des compresses stériles ou coton hydrophile stérile.
ü Des pinces ou des gants stériles
ü Du savon stérile ou ammonium quaternaire
o   Une garniture stérile
o   Un bassin et un haricot
o   Si une épisiotomie a été faite, il faut prévoir en plus un antiseptique : 
                    
éosine ou mercurochrome alcoolisé.
     ·        Technique :
§  La mère est installée.
o   En décubitus dorsal avec un oreiller
o   Les 2 jambes repliées
§  La garniture sale est enlevée. Il faut vérifier l’aspect et l’odeur de l’écoulement.
-         Les lochies sont sanglantes les 4 premiers jours, puis séro-sanglantes. Elles deviennent séreuses vers le 10ème jour
ü Un écoulement sanglant abondant les premiers jours fait craindre une mauvaise involution utérine (absence du globe de sécurité)
ü Un écoulement non pathologique peut se voir vers le 10ème jour. 12 ème jour, c’est le petit retour des règles.
-         Les lochies ont une odeur fade.
ü Une odeur fétide indique une infection (endométrite le plus souvent)
-         La mère est installée sur le bassin :
ü Une première irrigation de haut en bas nettoie superficiellement la vulve.
ü Savonner le pubis, la racine des cuisses et rincer.
ü Nettoyer la vulve et le périnée en allant de haut en bas, pour éviter de souiller le vagin.
ü Nettoyer les grandes lèvres, les petites lèvres. Rincer abondamment en dirigeant toujours le jet de haut en bas.
ü Assécher correctement.
ü Enlever le bassin
-         La garniture stérile est posée.
Ce soin sera renouvelé au moins 2 fois par jour, et après l’évacuation des selles. Le périnée doit être maintenu dans un parfait état de propreté.

SOINS DES SEINS
Une hygiène parfaite des seins empêchera l’apparition des crevasses et leur infection.
  §  Préparation du matériel :
o   Des compresses stériles
o   De l’eau bouillie, de l’alcool ou un mélange alcool-glycérine.
o   Un soutien-gorge.
  §  Technique ;
Les seins sont nettoyés avant et après la tétée.
o   Avant la tétée :
-         Se laver les mains, les passer à l’alcool.
-         Laver le mamelon, à l’eau stérile
o   Après la tétée :
-         Laver le mamelon à l’eau stérile
-         Passer un mélange alcool-glycérine
-         Bien assécher
-         Mettre une compresse stérile sur chaque mamelon
-         Maintenir par un bon soutien-gorge.
  §  Le lever précoce :
Le lever précoce dès le lendemain de l’accouchement, a pour but de prévenir les thromboses veineuses.
o   Il favorise la reprise normale des fonctions vésicales et intestinales
o   Le lever sera progressif : de quelques minutes le premier jour, à quelques heures avant le départ de la maternité. Il ne doit pas engendrer la fatigue.

SURVEILLANCE
La surveillance des suites des couches portera sur :
§  La température et le pouls
§  Les lochies
§  L’évacuation urinaire et rectale
§  L’apparition de douleurs
Cette surveillance permet de dépister rapidement les complications qui peuvent survenir.
    ·        La température :
Elle sera surveillée matin et soir
  o   L’accouchée doit être apyrétique :
-         Une légère ascension thermique à 38°c peut se voir vers le 2 ème jour au moment de la montée laiteuse.
  o   Toute élévation de température nécessite un examen médical recherchant :
-         Une phlébite
-         Une lymphangite du sain
-         Une endométrite.
-         Une infection urinaire.
   ·        Le pouls :
Il sera aussi surveillé bi-quotidiennement :
-         Il est légèrement ralenti les premiers jours
-         Une accélération modérée, mais progressive évoque le diagnostic de phlébite.
   ·        Les lochies :
Les lochies désignent l’écoulement vulvaire des suites des couches, écoulement provenant de l’utérus.
-         Leur surveillance se fait au cours des soins d’hygiène
Le médecin complétera la surveillance de l’involution utérine par le palper abdominal
-         Au 6 ème jour, le fond utérin est à mi-distance entre l’ombilic et le pubis.
-         Au 12-15 ème jour, l’utérus est entièrement rétro-pubien. L’utérus doit rester ferme et indolore.
   ·        L’évacuation vésicale et rectale :
·        L’évacuation vésicale sera surveillée attentivement :
  o   Une rétention d’urines est fréquente, spécialement après un accouchement difficile.
-         Le lever peut faciliter la miction
-         Le sondage aseptique sera nécessaire, si l’accouchée ne peut uriner.
  o   Une incontinence d’urines peut aussi se voir après un accouchement difficile.
-         Elle disparaît habituellement en quelques jours.
  o   Une dysurie peut apparaître :
-         Elle est un des signes de la phlébite pelvienne
-         Elle peut aussi révéler une infection urinaire
  o   L’évacuation rectale est à contrôler :
o   La constipation est fréquente :
o   Elle sera traitée par de petits lavements (microlax)
o   Une crise hémorragie se manifestant par des douleurs intenses et lancinantes nécessite un traitement local à base de pommades calmantes.
     ·        L’apparition de douleurs :
·        Les tranchées :
Ce sont des douleurs provenant de la contraction de l’utérus.
o   Elles peuvent etre spontanées
o   Elles sont réveillées par la tétée.
     Elles seront calmées par des antispasmodiques (Buscopan, spasfon..) ou des analgésiques banaux (Aspirine)
  o   La douleur du membre inférieur :
Toute douleur unilatérale du membre inférieur doit faire penser à une phlébite. Un examen médical complémentaire recherchera :
o   Les signes locaux :
-         Augmentation de la chaleur locale
-         Douleur à la dorsi-flexion du pied
-         Ballottement du mollet
o   Les signes associés :
-         Légère accélération du pouls et élévation de température :
-         Gene à la miction
o   L’hypercoagulabilité :
-         Un taux de prothrombine, un test à l’héparine seront demandés
      Un traitement anticoagulant doit être instauré.
·        La douleur au niveau du sein :
o   Une douleur vive au moment de la tétée s’accompagnant  de petits saignements fera rechercher des crevasses : ulcérations superficielles
-         Les soins d’hygiène seront intensifiés
-         L’allaitement maternel pourra être interrompu
o   Une douleur, fera rechercher une lymphangite ou un abcès du sein
-         Le traitement antibiotique s’impose.
-         L’allaitement maternel doit être interrompu.
SOINS SPÉCIAUX
     ·        Blocage de la sécrétion lactée :
Chez la femme qui n’allaite pas, le blocage de la sécrétion lactée doit être fait dès le premier jour après l’accouchement
-         La sécrétion hypophysaire de prolactine est bloquée par l’injection de ou l’absorption d’œstrogènes pendant 3 à 5 jours
-         La restriction liquidienne peut être utile.
-         Il ne faut en aucun cas tirer le lait du sein douloureux. Ce geste favorise la sécrétion lactée.
      ·        Blocage de la formation d’agglutinines ANT-RH
Chez la femme rhésus négatif venant d’accoucher d’un enfant Rh positif, un traitement préventif de l’iso-immunisation est possible
-         Il vise à détruire rapidement et complètement les globules rouges fœtaux Rh +, passés dans le sang maternel au moment de l’accouchement, avant que n’apparaissent les agglutinines anti-Rh.
-         Ce traitement préventif n’est valable que chez la femme non encore sensibilisée. Les agglutinines déjà formées ne peuvent être détruites, Une injection de gammaglobulines anti-D d’origine humaine sera faite.
-         Avant la 72 ème heure  qui suit l’accouchement(le 2 ème jour)
-         A la dose de 200 à 250 microgrammes en intramusculaire ou de 85 à 100 microgrammes en intraveineuse.
Cette thérapeutique préventive a été rendue obligatoire, elle doit être répétée après chaque accouchement.