LA CORTICOTHÉRAPIE ET ROLE INFIRMIER


I. Définition :
C’est l’emploi thérapeutique de corticoïdes (essentiellement les glucocorticoïdes).

II. Principales indications :
- Insuffisance surrénalienne (à titre substitutif)
- Maladies rhumatismales ex : le RAA.
- Maladies des collagènes.
- Hémopathies : leucémies – maladies de Hodgkin.
- Etat de choc anaphylactique.
- Asthme
- Prévention de rejet de greffe.
- Cancer (en cancérologie, on administre parfois les corticoïdes).

III. Contre indication :
Avant le traitement, il faut s’assurer de l’absence de contre indications.
A savoir :
Le diabète sucré.
L’ulcère gastro duodénal.
L’ HTA.
Les antécédents psychiques.
L’ostéoporose.
L’insuffisance rénale.
La tuberculose.

IV. Accidents :
Lorsque les corticoïdes sont pris à dose excessive, ou lors d’une corticothérapie à long cours, on peut observer :

1. Des troubles métaboliques :
* Métabolisme de l’eau et des électrolytes :
- Rétention hydrosodée (risque de poussée hypertensive)
- Elimination du potassium (risque d’hypokaliémie)

* Métabolisme des glucides :
- Effet diabétogène (diabète cortisonique ou stéroïdien) avec augmentation de la glycémie et de la glycosurie.

* Métabolisme des protides :
- Augmentation du catabolisme protidique responsable de :
§  Vergetures.
§  Amyotrophie.
§  Ostéoporose (avec augmentation de l’élimination du calcium).
Ces accidents comptent parmi les plus redoutables des accidents métaboliques.

* Métabolisme des lipides :
- Assimilation importante des graisses entraînant :
§  Une obésité.
§  Une hypercholestérolémie.
- La répartition particulière (facio – tronculaire) des graisses mobilisées est responsable de l’aspect cushingoïde des malades sous corticothérapie.

2. Accidents digestifs :
- Hypersécrétion gastrique :
§  Brûlures gastriques.
§  Gastralgies.
§  Les plus graves sont les hémorragies et les perforations gastro – duodénales.
- Les corticoïdes peuvent non seulement réveiller un ulcère mais également le créer (effet ulcèrogène)

3. Accidents infectieux :
Diminution de la résistance de l’organisme aux infections. Les corticoïdes inhibent les réactions immunitaires ce qui explique l’exposition des malades sous corticothérapie aux risques infectieux (germe banal ; bacille tuberculeux ; champignon..)

4. Accidents psychiques :
§  Nervosité, insomnie.
§  Les corticoïdes peuvent avoir une action euphorisante aboutissant à un véritable état psychotique.

5. Accidents de sevrage :
Freination de la sécrétion d’A.C.T.H pouvant entraîner un hypocorticisme et même une aplasie surrénalienne (si traitement prolongé ou dose excessive)
L'hypercorticisme survient :
§  Soit immédiatement après l’arrêt du traitement.
§  Soit longtemps après l’arrêt du traitement (parfois 2 ans après) à l’occasion d’une agression quelconque.
Il a été mis en évidence que la freination est moindre si les corticoïdes sont administrés le matin et à midi.
Eviter donc au maximum la prise du médicament le soir.

6. Retard de croissance :
Retentissement sur la croissance chez l’enfant si TRT prolongé.
Sur avis médical employer une corticothérapie alternée (1 jour / 2)

V. Rôle infirmier dans la surveillance du traitement :
Un certain nombre de précautions sont nécessaires lors de l’administration des corticoïdes :

1. Avant le traitement :
Aider le médecin à éliminer les contre indications (voir liste) :
§  Se renseigner sur les antécédents pathologiques du malade.
§  Faire une glycémie, rechercher le glucose dans les urines.
§  Radiographie du rachis lombaire et du bassin après 50 ans.
§  Radiographie digestive ou fibroscope (S.A.M) en cas du passé digestif ou de symptomatologie atypique….

2. Pendant le traitement :
* Surveillance clinique :
§  Poids corporel ;
§  La taille (chez l’enfant);
§  La diurèse ;
§  La tension artérielle
§   la température ;
§  Les modifications du psychisme.

* Surveillance biologique :
§  Recherche de glucose dans les urines ;
§  Glycémie (surtout si le malade a une tendance au diabète) ;
§  Ionogramme sanguin ;
§  Créatinine ;
§  La VS ;
§  Le cholestérol (chez les sujets athéromateux)

* Dépistage des effets secondaires :
§  Œdèmes, surtout des membres inférieurs ;
§  Douleurs gastriques ;
§  Douleurs osseuses ;
§  Excitation, nervosité ;
§  Recherche du foyer infectieux ;
§  Recherche de signes d’hypokaliémie ;
§  Radiographie pulmonaire, du bassin et du rachis tous les semestres ou tous les ans si corticothérapie prolongée (surveillance médicale)
§  Prévenir le médecin en cas de constatation des anomalies.

* Conseils aux patients :
- Traitement :
§  Prise régulière du traitement et respect des doses prescrites.
§  Pas d’autres médicaments sans avis médical.

- Régime :
§  Alimentation pauvre en hydrates de carbone, lipides et sodium et riche en protides.
§  Il doit être selon le cas sans sel ou modérément salé.

* Médicaments préventifs prescrits en même temps que les corticoïdes :
§  Les sels de potassium.
§  Les anti–acides. ex. MAALOX ou autre médicament protecteur gastrique.
§  Calcium et vitamine D (en cas du traitement prolongé.)
§  Antibiotiques (peuvent être prescrits)

3. L’arrêt du traitement :
Doit être progressif : risque d’insuffisance surrénale aiguë si cet arrêt est brutal.

Si corticothérapie locale :
§  Celle ci doit être faite sous surveillance médicale.
§  Eviter les traitements trop longs et les applications sur les grandes surfaces.
§  Le traitement peut être responsable d’atrophie cutanée, de vergetures et de retard de cicatrisation.
§  Ne jamais utiliser des collyres contenant des corticoïdes sans avis médical.
§  Les infiltrations locales devront être faites avec asepsie rigoureuse par le médecin. Elles sont contre indiquées en cas de :
- Infections cutanée au niveau de la voie d’abord.
- Arthrite septique ou tuberculeuse.
- Chez un patient sous anticoagulant.

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